L’incurie de l’État
L’incurie de l’État
Mardi 23 octobre 2007.
Marie-Christine Blandin, sénatrice Vert du Nord, qui co-présidait l’atelier n°2 du Grenelle de l’environnement, a accueilli au Sénat une délégation guyanaise, hier matin.
Cette délégation devait ensuite rencontrer hier soir, Nathalie Kosciuzko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie.
La délégation, composée de Philippe Ménard des Verts Guyane et collectif Non à Iamgold, Brigitte Wingaarde, de l’association des villages de Guyane, Akaïwapwin Apina, de l’association Kupun Komhe Heitei, Jean-Pierre Harvard, de l’association Solidarité Guyane, Jérôme Deravin, de l’association Cœur de forêt, et William Bourdon, de l’association Sherpa, est venue plaider la cause des Amérindiens et la fin de l’orpaillage.
Pour marquer les esprits et, surtout, informer une presse métropolitaine encore très lointaine de ces préoccupations, la représentante, le chef coutumier des Indiens Wayanas, Akaïwapwin Apina a témoigné, douloureusement, de la situation de sa Nation : « C’est catastrophique… Tous les mois, l’un des nôtres se suicide, certains enfants naissent avec des malformations et les orpailleurs clandestins emmènent avec eux la drogue, la prostitution et la violence… » Elle raconte les femmes et les enfants cachés et les hommes restés pour affronter les orpailleurs. Elle pleure…
L’atelier n°2 du Grenelle de l’Environnement au Sénat le 23.10.2007 :
Guyane française : Orpaillage et populations amérindiennes :
le cri d’alarme des Guyanais à Paris
les Amérindiens de Guyane menacés
par la fièvre de l'or et l'incurie de l'Etat
"90 % des investisssements défiscalisés dégradent l'environnement"
« La France n’existe pas sur le territoire des Wayanas. On laisse les Amérindiens dans leur détresse et la France n’a jamais reconnu notre façon de vivre », complète Brigitte Wingaarde.
William Bourdon, juriste, considère que l’administration en Guyane ne remplit pas sa mission : « La Guyane est emblématique de la distorsion entre le discours et la pratique sur l’environnement local. Il n’y a pas de gouvernance publique digne de ce nom en Guyane. »
Et, à titre d’exemple, il explique comment son association a dû saisir la commission d’accès aux documents administratifs pour pouvoir consulter les titres miniers pourtant non confidentiels…
Pour Marie-Christine Blandin, les freins à l’interdiction future viennent de l’Etat. Elle rappelle que 90 % des investissements défiscalisés dégradent l’environnement et que dans le cas d’Iamgold, ce montant représente 28 millions d’euros. « Le ministère de l’Outre-mer tenait à ce projet, mais le ministère de l’Ecologie, de l’Aménagement et du Développement durables ne veut rien décider qui ne soit grenellement compatible. C’est maintenant qu’il faut se faire entendre. » Le Monde et Libération étaient là… TF1 aussi, pour une fois.
Les doléances :
- Reconnaissance des peuples autochtones de Guyane pour qu’ils puissent agir sur leur cadre de vie.
- Création d’une commune pour les amérindiens du haut Maroni, dans le pays indien.
- Arrêt définitif du projet Cambior/Iamgold.
- Lutter contre l’orpaillage illégal, refaire de la Guyane un pays de droit.
- Créer un groupe d’experts avec des Amérindiens pour soutenir leurs revendications.
Est-ce une utopie ?
Réponse de Marie-Christine Blandin : « C’est du droit légitime. »
Source : Paris-Caraïbe.
Oui, vous avez bien lu, cette information remonte à 2007 !
Et pourtant depuis rien n'a changé et tout a empiré comme les récents événements de septembre 2010 :
En 2010, même les Nations-Unies appellent la France pour qu'elle ratifie la législation internationale sur les peuples indigènes et Survival-France propose une pétition citoyenne en ce sens.
Une catastrophe écologique et sanitaire d'ampleur selon les organismes internationaux : Des enfants malformés,
des mères désemparées,
en détresse, ou bien apathiques, n'ayant même plus la force de réagir.
Photo d’enfants Wayana tirée du film «Dirty Paradise» http://www.dirtyparadise.net/
L’éducation nationale en Guyane française :
l'incurie de l'Etat
Communiqué du Collectif Outre-mer
Exclusions de l’accès à l’éducation en Guyane
Les syndicats de l’enseignement et les associations interpellent la Halde et la Défenseure des enfants.
Sur l’ensemble du territoire de la République française, les normes nationales et internationales protègent l’intérêt supérieur de l’enfant et un accès à l’instruction égal pour tous assuré par l’État. Pourtant, en Guyane, de nombreux enfants sont exclus du système éducatif par des obstacles discriminatoires.
Les syndicats et associations signataires saisissent la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité et la Défenseure des enfants pour dénoncer plusieurs infractions au droit à l’éducation et à l’obligation scolaire.
1.Discrimination à l’égard de jeunes étrangers. Sont relevés plusieurs obstacles à l’inscription à l’école maternelle et élémentaire et à l’admission dans le système éducatif de jeunes primo-arrivants.
2.Discrimination à l’égard de jeunes vivant dans l’ouest et à l’intérieur de la Guyane. De nombreux enfants de ces populations n’ont jamais été scolarisés ou ont cessé de l’être par manque de classes et d’école, de transport pour y accéder, de suivi sanitaire… Ces obstacles sont liés à l’inégalité de développement et à la pénurie de structures sur les terres où ils habitent.
29 septembre 2008
Signataires
Collectif pour la scolarisation des enfants en Guyane [lire ici note 4]
Collectif Migrants outre-mer (Mom) [lire ici la note 5]
Fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture (Ferc-CGT)
Fédération des syndicats de SUD Éducation
Fédération Syndicale Unitaire (FSU)
Enfants wayana © Stéphanie Guyon / Survival , photo du musicien et sons © CNRS Hervé Rivière 2001.
Traductions des chants : 1 - Chant pour le rituel des fourmis 2 - Chant de la flèche 3 - Chant pour aller vite
La légalité :
l'incurie de l'Etat
l'incurie de l'Etat :
Le témoignage d’une femme Wayana sur les Amérindiens et l’orpaillage
Trop souvent en Guyane, l’État ne respecte pas la loi : la préfecture a été condamnée des dizaines de fois pour non-respect du droit des étrangers et pour des démolitions de maisons sans décision de justice.
La Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) a constaté de graves dysfonctionnements dans les pratiques de la police aux frontières ; elle a condamné des irrégularités dans les procédures d’interpellation et de détention ; elle a réclamé des sanctions contre des agents de la PAF [lire ici la note 6]...
Les institutions locales ne se privent pas non plus de ne pas respecter la loi, et plusieurs maires sont actuellement en examen ou en prison. Comme l’écrit Madame Nicole Launey sur son blog.
Sans parler du constat de sénateurs comme quoi la justice dans les DOM n’est pas appliquée (lire ici et là)…
Les Amérindiens qui vivent en forêt sont des victimes directes de l’orpaillage illégal. Sont oubliés : leurs droits à l’accès à l’éducation, à l’eau potable, à la sécurité, à la santé... dans un département où on lance des fusées ! Tout comme les Noirs marrons, ces populations sont entrées il y a quelques années dans ce qu’on appelle « la modernité ». En réalité, elles sont entrées dans le contexte de l’orpaillage illégal qui favorise la violence, la prostitution, et pousse beaucoup d’entre eux au désespoir.
Le témoignage d’une jeune femme du Haut Maroni. Le village de Kindy Opaya se trouve dans le parc national ; mais la population y est coincée entre les passages quotidiens de dizaines de pirogues de ravitaillement des sites illégaux qui l’entourent... Et comment arrêter ce ravage d’une des forêts primaires dont la France a la responsabilité ?
Guyane française : Populations amérindiennes :
le cri d’alarme du Collectif Outre-mer
Guyane française :
le cri d’alarme des Guyanais sur les institutions républicaines
Guyane française : Orpaillage et populations amérindiennes :
le cri d’alarme de Kindy Opaya du village de Talhuen
Un colloque s’est tenu au Sénat le 08.11.2010 :
Guyane entre diversité et égalités des peuples et des territoires
Les principaux thèmes abordés :
1 - Comment lutter efficacement contre la biopiraterie ? Quelles sont les alternatives possibles ?
2 - Quelles perspectives pour la jeunesse Guyanaise ?
3 - Lutte contre l'orpaillage
Télécharger le dossier de presse et l’article sur les suites à donner pour contrer la «biopiraterie».
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Plus de 18.000
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la pétition
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Voir la page de la pétition présidentielle pour sauver les 1.500 derniers Amérindiens Wayana et Teko
de Guyane française
(cliquez ici !)
Amérindien Iny - Tocantins Brésil © Serge Guiraud/Jabiru Prod.