Bonjour à vous les géographes en herbe !

Depuis 400 ans vous saviez que l’Afrique était grande et large et avait été découpée en portions exploitables à souhait selon que l’on voulait en tirer le profit maximum.

A cela rien de nouveau.

D’ailleurs depuis le roi Louis XIV, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et rien n’a fondamentalement changé. Les princes se succèdent en ce monde, ils font et défont les royaumes ou colonies, selon que leurs profits peuvent en tirer avantages, et ce, sans se soucier des peuples concernés. S’il en était autrement, on le saurait… vu que vous êtes le peuple !

C’est ainsi et nous n’y pouvons rien…

D’ailleurs pourquoi s’en inquiéter ? Notre quotidien n’est-il pas déjà suffisamment inquiétant pour aller chercher plus loin que nos endettements ménagers, nos cancers à répétitions, nos angoisses à tout va, nos stress sans explications, nos salaires de misères, nos problèmes de neige en hiver, que sais-je encore, etc. ?

Situation d’ailleurs soigneusement entretenue par nos puissants pour qu’on les laissent faire leurs petites affaires entres-eux pendant ce temps-là…

Et c’est ainsi que pris dans notre rond-rond quotidien de vicissitudes multiples, nous avons "délégué" notre intelligence à ces seigneurs qui nous régentent.

Cela je le savais depuis longtemps me direz-vous !

Yes Sir !

Oui, mais voilà…

Ces derniers temps, j’ai lu un petit extrait d’un entretien qui m’a encore donné la puce à l’oreille et je me suis inquiété "grave" !

J’ai appris que la Guyane était devenu africaine au fil des années des longs fleuves tranquilles de nos politiques qui coulent des jours heureux…

Non, non, j’ai bien écris la Guyane, pas la Guinée…

La Guinée, tout le monde connaît n’est-ce pas ? Et je ne vous ferai pas l’injure de vous demander combien il y a de Guinée en Afrique (en plus de la monnaie du même nom), car j’aurai peur de vous mettre dans l’embarras… Donc j’écourte et je surfe sur le sujet…

Non ! Je voulais juste parler de la Guyane, cette contrée exotique qui va bien avec lianes, crocodiles, grandes forêts, piqures d’insectes, serpents, scorpions, beaux oiseaux, pays chaud, belles plages et tout le service cinq étoiles qui va avec… et piscine incluse évidemment !

Oui, je sais, c’est un pays qui fait exotique, alors Guinée ou Guyane, quelle différence après-tout ? N’est-ce pas la même chose ?

On ne va pas chipoter pour si peu quand même et faire mesquin ?

Oui, oui, je sais, vous qui me lisez, vous êtes des citoyens instruits et intelligents qui avez suffisamment râpés vos fonds de culottes sur les bancs de l’école pour savoir où se trouvait la Guyane. Vous saviez comme moi que c’était une ancienne colonie française. Depuis, un léger nuage d’incertitude s’est épaissi sur le sujet et vos activités quotidiennes très prises vous ont détourné  du sujet. Bref, vous en avez retenu que c’était une ancienne colonie et après tout, c’est l’essentiel.

Pourtant, chers amis, toutes poussières du temps une fois soulevées, nous devons admettre que nos citoyens collègues de cette brave République ignorent totalement où se trouve cette contrée lointaine et probablement imaginaire pour eux.

En effet, un récent entretien de 10 pages dans le magazine de Football "So Foot" de décembre 2010 nous apprend que les Français pensent que la Guyane est Africaine.

Si si, c’est Laurent Malouda qui le dit et qui a même entendu des journalistes de la télévision affirmer cela au journal de 20h ! (voir le sondage à ce sujet). Heureusement que notre footballeur est là pour nous raccrocher à nos valeurs et nous rappeler que la Guyane est bien française et fait partie de l’Europe !

Bon ! Bien ! Nous voilà donc rassuré, la Guyane est française !

Ouf ! Déjà que tout fiche le camp, en ce moment, l’€uro et tout un tas de bazar très compliqué financièrement parlant, alors si en plus on perd du terrain, c’est grave… Autant garder ce que l’on a… Et résister de pieds ferme…

Donc la Guyane est européenne mes amis et merci à Monsieur Malouda.

Ah bon ? La Guyane n’est pas africaine mais est située en Europe ? Ben mince alors ! J’ai du louper un épisode.

Non pas en Europe, mais sur le territoire Européen !

He ! Là je décroche un peu !

C’est pas grave vos petits camarades vous expliqueront… La Guyane, département français et donc territoire européen de fait, est en réalité située géographiquement en Amérique latine !

Ouh là là ! J’ai du être malade ce jours-là ! La grippe probablement ! Quelle idée de faire un cours de géographie en plein hiver alors que la moitié de la classe est au lit ! Non mais franchement…

Et bien mes chers amis, figurez-vous que maintenant que vous venez de vous réactualiser vos connaissances, je vais encore vous surprendre en vous apprenant que la Guyane, passée d’africaine à française puis européenne, va devenir brésilienne en 2011 !

Oh ! Pas à pas bien sûr, pas d’un coup ! Ce serait trop rapide… Non, progressivement… Le temps que coule un peu d’eau sous les ponts…

Si si !

Figurez-vous que nos géniaux politiques nous ont trouvé un nouveau concept : Une Guyane qui s’ouvre sur l’Amérique latine !

Un projet qui remonte à 1997 quand les présidents Français et Brésiliens ont décidé de mettre un pont entre leurs deux nations sans n’avoir jamais consulté au préalable leurs peuples.

Un pont pour relier l’Amérique latine à l’Europe (le Brésil à la France via la Guyane française !)

Un pont qui enjambera le fleuve frontière de l’Oyapock. Lequel pont, 13 ans plus tard, est en cours d’achèvement et sera inauguré vers fin 2011 selon des sources officielles brésiliennes.

Lequel pont a été relié par une jonction entre le Brésil et la Guyane le samedi 28 mai 2011 au soir. (lire Un mètre d’histoire)

Mais à quoi va bien pouvoir servir ce pont dans une région où ni les amérindiens, ni les brésiliens qui viennent travailler côté français, ni les orpailleurs clandestins n’ont jamais vraiment considéré l’Oyapock comme une frontière ? (écouter l’émission du 12.12.2010 "Oyapock, drôle d’endroit pour un pont")

C’est bien un concept étrange de ces politiques qui échafaudent des géopolitiques dans leurs capitales, depuis plus de 400 ans pour s’approprier un continent Amérindien et le morceler après moultes batailles, pour en venir ensuite à faire des ponts pour se réunifier (sur le dos et au détriment des peuples Amérindiens) !

Il y a un côté assez saugrenu et un peu ridicule dans cette idée de réunifier ce qui était unifié depuis des millénaires.

D’ailleurs les Amérindiens ne s’y trompent pas qui ne voient pas d’un bon œil cette nouvelle initiative politico-géostratégique des puissants où les prédateurs vont encore mordre un peu plus sur leur territoire et culture ancestrales comme me le confiait les responsables du journal Okamag (seul magazine Amérindien d’expression écrite de Guyane française).

Prenons un exemple et rien qu’un seul (pour ne pas compliquer l’exposé !) : L’ouverture de ce pont n’arrangera pas les affaires des Amérindiens Wayana et Teko (situés principalement vers la frontière du Suriname) qui sont en voie de disparition du fait que la République française n’a pas voulu les protéger et les intégrer en mettant leurs villages dans la zone dite "zone cœur" du parc de Guyane où toute exploitation de l’or est interdite.

Le seule chose qui pourrait peut-être sauver ces Amérindiens Wayana serait de placer leurs villages dans cette zone de protection pour les sauver des prédateurs.

Actuellement ils ne sont qu’en zone de libre adhésion où l’orpaillage légal est toléré. De plus, tant que le pays Wayana ne se dotera pas d’une commune à part entière, ils seront à la merci des Guyanais Aluku de Maripasoula qui font la pluie et le beau temps dans la région. C’est Maripasoula qui, à l’époque de la création du Parc Amazonien de Guyane, a refusé que les villages Wayana soient placée en zone cœur, car de nombreux Guyanais Aluku sont eux-mêmes orpailleurs. (Les Alukus -le terme se prononce aloukou- constituent un groupe ethnique du Suriname issu de descendants d’esclaves africains rebelles.)

Sur l’autre  frontière, la commune amérindienne Camopi, a elle, eu gain de cause, car il n’y n’avait pas de résistance, ni de concurrence.… entre d’autres ethnies guyanaises.

Quoiqu’il en soit, il y a peu de chance que ces Amérindiens Wayana et Teko  au nombre de 1500, survivent dans les prochaines années. Ils disparaîtront dans les décennies prochaines, car il y a trop d’intérêts en jeux.

Quand bien même ces Amérindiens seraient placés immédiatement en "zone cœur" (de protection) dans le cadre du Parc Amazonien de Guyane (dont la rédaction de la Charte devrait être définitive fin 2012), avec un statut de nouvelle commune entièrement Amérindienne (Wayana et Teko) dite du Haut Maroni qui soit séparée de Maripasoula, il sera bien tard pour eux.

En effet, il restera ensuite à régler le grave problème de l’orpaillage illégale, non contrôlable et combattus avec des moyens dérisoires. Le nombres des orpailleurs clandestins en Guyane française évalué par des officiels, à 15.000 serait en fait selon d’autres sources de plus de 30.000. Une véritable mafia opérant sur le territoire de Guyane où les filons sont nombreux et recherchés depuis l’escalade des prix internationaux du marché de l’or depuis cinq ans.

Et si, par invraisemblable, le problème de l’orpaillage clandestin et légal était résolu, il resterait encore à ce que la République française accepte la ratification de la législation internationale sur les peuples indigènes (La Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail) comme le recommande à nouveau les Nations Unies. La France restant la seule nation d’Europe à ne pas reconnaître les Droits des Peuples Indigènes à disposer eux-mêmes de leurs destins.

Un comble pour la nation des Droits de l’Homme !

Il est vrai que ce pays a toujours préféré les intérêts géostratégiques à la vie de quelques lanceurs de flèches. Et ne s’est jamais souciée de ses contradictions… fussent-elles aveuglantes ! ("Que les ethnies noires originaires d’Afrique finissent le travail en étouffant les derniers Amérindiens et nous serons tranquille… dans la République française… de Guyane !")

Alors, dans le courant de 2011, il y aura bien un pont reliant la Guyane au Brésil, mais on peut raisonnablement se demander si les avantages avancés par les dirigeants de Rio et Paris valaient la peine d’abandonner des peuples comme les Amérindiens Wayana et Teko pour profiter de quelques juteux contrats officiels et surtout officieux qui ne regardent pas le citoyen de base.

La géostratégie ayant ses valeurs "propres" qu’il ne convient pas de révéler au petit peuple que nous sommes… (comme l’on récemment montré les révélations de WikiLeaks.)

La Guyane sera ainsi passée en quatre siècle du statut d’une région vaguement située comme colonie africaine française, puis européenne, avant de devenir brésilienne pour mieux entrer dans le cercle économique du Mercosur… Et pendant tout ce temps-là, des peuples entiers d’Amérindiens auront définitivement disparu à jamais du continent sud-américain…

Allez y comprendre quelque chose dans leurs proclamations de la Charte des Droits de l’Homme…

Ça doit être un truc qu’ils ont gravé sur une plaque de métal pour envoyer dans l’espace depuis Kourou en Guyane je suppose, afin de mieux s’en débarrasser et évangéliser les extra-terrestres…

Ah ! Géographie vous disais-je…

Mais reprenons nos livres si vous le voulez bien car nous avions juste fait une petite digression sur l’emplacement géographique de la "Guyane" et des peuples qui vont avec et que l’on déplace, élimine, ajoute et remplace à volonté au gré des siècles pour les intérêts biens compris de quelques puissants…

Remarque :

Rappelons qu’une action est actuellement disponible en ligne afin de tenter de
"Sauver les 1500 Amérindiens Wayana et Teko de Guyane française" : Voir sur la page
«la pétition» de ce site.

On peut signer cette action directement ici :

http://www.cyberacteurs.org/actions/presentation.php?id=168.

ou encore à:

http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2011N5094

Bien à vous, votre serviteur Amérindeuropéen de service !

Pierre Sarramagnan-Souchier, le 13.12.2010. (actualisé le 1er juin 2011)

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